dimanche 13 décembre 2015

La lecture sur écran rend-elle idiot ?

Il n'est pas besoin de montrer que l'Education Nationale ignore délibérément le savoir accumulé par les sciences cognitives et les neuro-sciences en matière d'impact des nouvelles technologies sur l'intelligence, l'attention et la mémoire de nos enfants. Nous avons déjà publié un article du neuro-scientifique Michel Desmurget sur « Les écrans et le développement intellectuel et social des enfants ». Leurs études mettent sérieusement en péril l'idée comme quoi l'introduction massive de tablettes à l'école aura un quelconque impact positif sur les compétences de lecture, l'attention et la mémorisation des enfants

Les sciences cognitives nous apprennent dans la vidéo qui va suivre que la lecture a l'écran induit un autre type de lecture, moins linéaire, moins concentrée : les écrans vont-ils à terme diminuer ou modifier nos facultés intellectuelles ? Le contenu est-il inéluctablement formaté par le contenant ? La réponse est sans équivoque: Oui, la lecture à l'écran n'est pas du tout souhaitable pour un lecteur censé s'approprier intellectuellement le contenu du texte lu sur écran !

Voici la conférence d'Alain Giffard, très complète, très en nuances et éminemment intéressante et enrichissante: (quelques citations d'Alain Giffard en-dessous de la vidéo)



« La lecture numérique s’effectue donc dans le cadre de cette technologie par défaut. L’acte de lecture numérique est compliqué et difficile. Ces difficultés, soulignées par les psychologues et les cogniticiens, sont de tous ordres: la visibilité du texte sur l’écran, la typographie et la mise en page, le détournement de l’attention par les bifurcations de l’hypertexte, l’absence d’intégration des opérations de lecture qui empêche le lecteur de projeter son modèle de compréhension du texte lu. Le lecteur doit en permanence recadrer son idée du texte au risque d’oublier les versions antérieures, et donc de couper le fil de lecture. Les principales conséquences de ces insuffisances technologiques sont la surcharge cognitive, fondamentalement opératoire, et la désorientation du lecteur.

Ce point est crucial parce qu’il explique que le lecteur de la lecture numérique, à la différence du lecteur de la lecture classique, a aujourd’hui la tâche et la responsabilité, au cours de l’opération de lecture, de faire advenir une sorte de technologie-mouvement, opération qui ne peut évidemment que surcharger la lecture. »

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